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Interview d’Emmanuelle Bouloumié, animatrice d’ateliers Papoto

11 avril 2023

Pouvez-vous vous présenter ?

Emmanuelle Bouloumié :

Je m'appelle Emmanuelle Bouloumié, je suis pédiatre et je travaille en PMI. Je suis également présidente d'une association qui a pour objet de mettre en œuvre des actions pour soutenir les parents à différents moments de leur vie.

 

Quelles ont été vos motivations initiales pour mettre en place Papoto ?

Emmanuelle Bouloumié :

Je suis intimement convaincue de l'importance de la prévention précoce et les ateliers Papoto permettent d'aborder des notions indispensables pour le développement de l'enfant.

Les parents que je rencontre en PMI sont pour la plupart en difficulté socio-économique, ont un parcours de vie rythmé par la violence, l'abandon, la pauvreté et ne souhaitent pas reproduire cela avec leur enfant. Pourtant et malgré toute leur bonne volonté, ils ne connaissent pas l'importance des interactions précoces, la nécessité de répondre au besoin de sécurité, la façon d'aider leur enfant à gérer ses émotions et pourquoi le jeu et le fait de parler à l'enfant permet de favoriser l'émergence du langage et des compétences psycho sociales.

Ils sont en difficulté pour mettre en place un cadre bienveillant et ont parfois recours à des mesures coercitives inadaptées.

Le programme Papoto permet de reprendre tout cela avec eux dans un autre cadre, en dehors de ma posture de médecin et d'engendrer des discussions, des remises en question sans aucun jugement et surtout de se retrouver avec d'autres parents qui vivent la même chose qu'eux. Ceci est très déculpabilisant.

 

Quel accompagnement Occitadys vous a offert pour déployer le projet dans le Tarn ? 

Emmanuelle Bouloumié :

L'association Occitadys m'a permis de développer ce projet en proposant une formation à l'animation des ateliers avec Gaelle pour 5 personnes de l'association dont 2 puéricultrices de la PMI.

Grâce à la signature d'une convention avec le département du Tarn , nous avons pu ainsi mettre en place 4 programmes : 2 par l'intermédiaire de l'association (1 dans un Centre social, 1 dans un centre parental ) et 2 autres programmes avec des parents orientés par la PMI sur deux lieux d'accueil petite enfance (Gaillac et Lisle / tarn)

L'association Occitadys assure également tout le soutien logistique et technique très précieux : matériel , petits cadeaux, problèmes techniques ...

Enfin, ils sont toujours présents si nous avons besoin de partager nos difficultés ou pour répondre à nos questions . Ils assurent un suivi rapproché et bienveillant. 

 

 Dans quelles conditions l’avez-vous fait ?

Emmanuelle Bouloumié :

Les premiers ateliers se sont déroulés dans un Centre Social avec des familles que je connaissais, orientées dans le cadre du suivi en consultation .

La plupart bien qu'initialement réticents sont venus parce qu'ils savaient que je n'allais pas porter de jugement ou les évaluer. Cela a été très important dans la suite des ateliers et leur participation. La mise en place du cadre dès le premier jour a permis de poser les jalons et les conditions pour les sécuriser. 

 

Comment se sont déroulés vos premiers ateliers ? Cette première expérience vous a-t-elle permis de faire évoluer votre regard et votre manière d’animer ces ateliers ou de solliciter les parents à participer ?

Emmanuelle Bouloumié :

Cette première série d'ateliers a été très riche, je n'ai pas modifié ma façon d'animer les ateliers ni ma posture mais j'ai été surprise par la difficulté de faire venir les parents. Ils paraissaient toujours très motivés quand je leur expliquais le fonctionnement et ce que pouvaient leur apporter les ateliers mais par la suite , ils avaient besoin d'être rappelés la veille , que je leur montre que leur présence était importante, voir que je leur propose un covoiturage pour qu'ils puissent venir de façon régulière..

À présent, je n'hésite pas à envoyer un petit SMS de rappel la veille avec un petit mot d’encouragement.

 

Quel a été le retour des parents ?

Emmanuelle Bouloumié :

Les parents qui ont assisté au premier programme me disent avoir compris beaucoup de choses, j'ai clairement observé un changement dans leur façon d'interagir avec leur enfant lorsque je les revois en consultation. Les enfants grandissent bien pour le moment mais je me rends aussi compte que" le naturel revient au galop "et même si je suis certaine d'avoir semé quelques petites graines, tout n'est pas gagné et nécessite de revenir sur des notions transmises lors des ateliers.

Cela ne m'empêche pas de garder toute ma motivation pour continuer.